Notre monde globalisé est devenu extrêmement interconnecté et interdépendant, de plus en plus incertain, ambigu et complexe.

Beaucoup d’entre-nous savent que les problèmes de notre société, émissions de carbone, mobilité, migrations, matériaux, ressources, migration, alimentation durable, chômage, etc., ont des liens avec différents sujets, qu’ils sont liés à de nombreux acteurs et à de multiples échelles. Mais il est parfois plus difficile de voir qu’ils ont des causes et des conséquences multiples, interconnectées, parfois insoupçonnées et difficile à saisir ou à contrôler.

« Le monde est un système écologique, social, psychologique et économique complexe et interconnecté.
Nous le traitons comme s’il ne l’était pas, comme s’il était divisible, séparable, simple et infini.
Nos problèmes persistants, insolubles et globaux découlent directement de cette inadéquation. »
Donella Meadows

Si nous réalisons la dimension systémique des enjeux environnementaux et sociaux au sens commun, que « tout est lié », peu d’entre-nous ont appris à appréhender pratiquement les systèmes complexes, dynamiques et autoadaptatifs, dans lesquels sont ancrés nos enjeux de société, et en particulier ceux liés à la transition vers une société durable.

Nos actions individuelles et collectives, et bien sûr celles de nos institutions, souffrent encore d’une spécialisation et d’une organisation en silos, sans fertilisation transversale externe ni souvent même interne, et sans compréhension profonde des fonctionnements systémiques complexes.

La plupart de nos institutions et entreprises maintiennent des approches de travail essentiellement linéaires (cause – solution – effet proportionnel), basées sur la résolution d’enjeux comme s’il s’agissait de problèmes techniques que l’on analyse, fragmente et expertise, à la recherche de solutions ciblées, standardisées, reproductibles, que l’on pense contrôlées.

L’humanité, freinée par une complexité macro-systémique majeure, est pourtant engagée dans une course au changement sur une échelle unique dans son histoire, avec une nécessité vitale d’organiser et de déployer une transition vers un modèle de société durable, sinon idéalement régénératif.

« Pour atteindre la durabilité, la question n’est pas de savoir si nous aurons assez d’énergie, assez de nourriture ou assez d’autres ressources matérielles.
La question est de savoir si nous aurons assez de leaders à temps. »
Karl-Henrik Robert, fondateur #FSSD / The Natural Step

Cette période unique de défis et de changement implique un changement profond dans nos pratiques, et pour cela dans nos façons de penser, de ressentir et d’entrer en relation, pour se mettre en capacité d’identifier, appréhender et comprendre la complexité systémique, et développer des actions plus adaptées aux transformations nécessaires et voulues, voir exigées par l’état de notre biosphère.

Dans le monde anglo-saxon, le « system change » est devenu une pratique large, spécifique et consciente. Associations, fondations, pouvoirs publics et grandes entreprises s’emparent des méthodologies d’approche systémique face à la complexité des défis stratégiques de durabilité, et les approches percolent progressivement en francophonie. L’OCDE, le PNUD et récemment l’ADEME en France ont compris que l’approche systémique était bel et bien, a minima, le point de départ d’une transition durable et régénérative.

« Si nous voulons provoquer la restructuration en profondeur des systèmes, nécessaire pour résoudre les problèmes les plus graves du monde,
la première étape consiste à penser différemment. Tout le monde. Toute la société. »
Donella Meadows